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Page:Clar - Les Jacques, 1923.djvu/97

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VIII


Deux brandons résineux mettaient des lueurs fumeuses sur les visages de ceux qui se glissaient dans la vieille carrière proche du Trou aux Loups.

Cachée dans un repli de terrain les genèvriers croissaient en abondance, l’ouverture n’était perceptible qu’aux initiés. Même au-dessus, il fallait connaître l’endroit exact de l’excavation pour découvrir l’entrée que des broussailles adroitement replacées par chaque arrivant masquaient suffisamment.

Quoique sans étoiles, cette nuit de mai s’éclairait d’une transparence laiteuse. Elle eût permis d’apercevoir nettement les silhouettes sombres qui se hâtaient vers la carrière. Mais le lieu, désert dans le jour, offrait la nuit une sécurité absolue aux gens qui ne tenaient nullement à se voir observés.

Si vaste fût la carrière, elle semblait ne pouvoir contenir toutes ces ombres, et pourtant il en venait toujours.

Enguerrand de Coucy aurait pu désigner les figures farouches qui s’y pressaient, s’il avait jamais daigné se soucier du nom des manants sur qui s’appesantissait son joug. Il aurait reconnu ces artisans qu’il méprisait et dont lui appartenait

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