Page:Claretie - A. Dumas fils, 1882.djvu/18

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tés manquent, où les caractères coulent comme de la cire fondue, n’a plus fermement montré ce qu’est un caractère et démontré ce que peut la volonté. Jusqu’à l’âge de vingt ans, il avait vécu de l’inutile vie de ceux qu’il devait peindre, haïr et châtier ; élégant, aimable, aimé — comme dans un bois, disait le pauvre Plouvier. Las de cette vie, un jour, il la secoue, avec un prodigieux courage. Il se met à l’œuvre, il travaille. Il pioche, c’est le mot brutal et réel ; il fait des romans à deux sous la ligne, il paye ses dettes, il élimine de sa vie la femme, la maîtresse, celle que Taupin nous montre dans Diane de Lys prenant une possession lente et sûre de l’homme, qui devient sa chose. Il s’affranchit par le labeur. D’ailleurs ne se prodiguant pas, même en ces premières heures de production forcée. En veut-on la preuve ? Il avait déjà composé, ou à peu près, l’Affaire Clémenceau vers cette époque, et ce livre faisait partie d’une série de quatre romans qu’il s’était engagé à livrer à l’éditeur Cadot. Mais il sentit qu’il y avait là, dans une telle œuvre, autre chose qu’un succès de cabinet de lecture. Il garda dans son tiroir l’Affaire Clémenceau et, au lieu d’avoir vendu l’ouvrage cinq cents