Page:Claretie - A. Dumas fils, 1882.djvu/26

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faire : « Le premier acte clair, le dernier acte court, et de l’intérêt partout. Voilà le secret. » C’est l’art d’attraper les aigles en leur mettant un grain de sel sur les ailes.

Le succès de la Dame aux Camélias avait été considérable. Fechter et Mme Doche faisaient littéralement sensation dans leur duo d’amour. Diane de Lys et son coup de pistolet firent croire que Dumas, préoccupé surtout de l’étude des mœurs, allait seulement substituer le drame noir moderne au drame romantique. Il y avait, dans ce dénouement tragique, comme un écho d’Antony. Mais ce n’était pas le drame en lui-même, l’action pour l’action, qui hantaient, si je puis dire, Dumas fils : c’étaient les caractères. Il voulait savoir ce que le théâtre pouvait contenir de vérité, quelle somme d’humanité on y pouvait faire pénétrer, et il écrivit le Demi-Monde. Quel étonnement, quel éblouissement, le premier soir, devant ce premier acte, simple, solide, vivant de la vie de tous les jours, et qui se terminait tout à coup par cette banalité, prenant là comme une grandeur sévère : « Et maintenant, allons dîner ! » Il y eut comme la révélation d’une force toute nouvelle. Cette langue rapide, ces phrases