Page:Claretie - A. Dumas fils, 1882.djvu/29

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des premiers actes, il prend vingt feuillets, format dit papier écolier, et il écrit au courant de la plume, regardant de temps en temps combien il lui reste de pages. S’il est au bout de son papier et s’il a encore plusieurs scènes à écrire, ce lui est un avertissement de se hâter. Pour le dernier acte, il ne prend que dix-sept feuillets. « Le dernier acte court ! » c’est le mot d’ordre paternel. Et, dans le fait, dix-sept ou vingt pages sont, comme il le dit fort bien, la plus grande mesure pour un acte. Il y a de ces questions de temps et de coupe tout à fait importantes dans un art où l’on a à compter non seulement avec l’intelligence ou la patience, mais encore avec les nerfs, la congestion même du public.

La pièce écrite — pour en revenir au Demi-Monde, — il fallut la faire jouer. Il est très malaisé d’être un révolutionnaire au théâtre et les coulisses sont pleines de préjugés d’habitudes et de toiles d’araignées. Montigny, le directeur du Gymnase, homme pourtant d’une intelligence haute, se refusait à accepter que Dumas terminât sa pièce par le récit d’un duel supposé, d’une mort brutale. « Prenez garde. Toute la salle protestera ! »