Page:Claretie - A. Dumas fils, 1882.djvu/33

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devant la foule. Cette brochure venait bien à son heure, comme les brochures précédentes de l’auteur sur les Choses du jour, comme celles qui ont suivi, comme aussi la plupart des pièces de Dumas, dont le coup d’œil est exercé à se rendre compte, et du moment où il faut jeter une idée sur le théâtre ou dans le livre, et de la quantité de nouveauté que le public est capable d’absorber et de digérer.

Habile, exercé, philosophe armé en guerre, connaissant à la fois l’atmosphère de son siècle et l’air ambiant de l’heure présente, M. Dumas fait ce qu’il nomme du théâtre fonctionnel, c’est-à-dire qu’il tire de tout être, de tout acteur, de toute actrice, sa fonction. Cette admirable Aimée Desclée, par exemple, pauvre femme brisée, l’âme et le corps morts, il l’évoquait, pour ainsi dire, à chaque création nouvelle. Il la faisait agir, sentir, souffrir.

Au théâtre, M. Dumas aime volontiers la thèse. Il est très capable d’écrire une excellente pièce simplement dramatique, émouvante, entraînante, témoin Monsieur Alphonse ; mais il préfère la thèse. Il recherche le combat avec le public : il l’a bien montré dans l’Étrangère et dans la Princesse de Bagdad. Comme les