Page:Claretie - Alphonse Daudet, 1883.pdf/39

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d’un écrivain au seuil de la mort. Mais qui ne jetterait le même cri en regardant la page inachevée et la compagne qui survivra, gardienne d’un nom à la fois aimé et honoré ?

Alphonse Daudet profita de l’épreuve pour y trouver quelques-unes des pages les plus poignantes des Rois en exil. Tels ces médecins qui s’étudient eux-mêmes et lèguent à la science le secret même de leurs souffrances.

Aujourd’hui, Daudet est arrivé à la pleine possession de son talent et de sa renommée. Dans le roman, il est acclamé ; il est applaudi au théâtre qu’il a emporté de haute lutte. Autant qu’un artiste nerveux et éternellement occupé de mieux faire est heureux, l’auteur de Numa Roumestan jouit des fruits de son labeur et de sa renommée incontestée. L’hiver, il rêve en regardant du haut de sa fenêtre les arbres dénudés du Luxembourg ; il a quitté ce grand hôtel du Marais, où il a cependant certainement trouvé le cadre de cette attendrissante tragédie bourgeoise : Fromont et Risler, et qu’il a dépeint dans Jack. C’était toujours dans le grand cabinet de travail, — aux deux larges et hautes fenêtres, — du palais Lamoignon. Lisez les premières pages du chapitre