Page:Claretie - Alphonse Daudet, 1883.pdf/38

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imagination n’est pas à court), il l’a observé, en une autre sphère, dans Numa Roumestan. Il a mis là toute sa verve, comme dans Jack et le Petit Chose il avait mis tout son cœur. Je me trompe : il en restait assez pour faire lire dans plus d’un chapitre du Nabab et des Rois en exil des pages attendries. Anacréon avait écrit l’Amour mouillé. Il y en a, dans Daudet, de la pitié mouillée de larmes.

Ce charmeur, qui est aussi un travailleur acharné, fort peu enclin à faire antichambre chez un ministre, ira chez le docteur Potain solliciter et attendre, durant des heures, pour amener le médecin au chevet de son enfant malade. Seulement préoccupé de son œuvre, il oubliera tout pour n’être que père, et lorsque, courbé par la maladie, crachant le sang, il aura peur, non de mourir, mais de mourir avant d’avoir achevé les Rois en exil, il dira à sa femme, confidente profonde de ses pensées, poète, elle aussi, et d’une délicatesse rare comme son frère, M. Léon Allard, est conteur :

— Si je m’en vais, finis mon bouquin ! M. Edmundo de Amicis, qui est soldat et se connaît en consigne, a raison d’admirer ce trait