Page:Claretie - Bouddha, 1888.djvu/20

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duos passaient emportés aussi, et le temps me paraissait si long, si long, quoique j’eusse près de moi, la tête sur mon épaule, — ou moi la serrant de mon bras passé sous son manteau, — la jolie blonde que toute une salle lorgnait tout à l’heure, et qui me fredonnait très bas, pour moi seul, comme un petit murmure caressant, le couplet bissé par les boulevardiers :

Mon petit Bouddha,
Que tu m’as fait de la peine !

Je trouvais la route longue, et, arrivé, je regrettais presque cette sensation délicieuse d’un tête-à-tête au fond d’une voiture avec une créature que tout Paris enviait, et que quelqu’un, à la lueur du gaz, pouvait presque reconnaître du fond d’un de ces coupés qui nous croisaient. C’est étonnant ce qu’il y a de