Page:Claretie - Bouddha, 1888.djvu/21

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grains de vanité au fond de l’amour !… Et pourtant, vrai, j’aimais Antonia pour tout de bon.

Elle était folle des japonaiseries. Elle prenait son opérette au sérieux. Elle voulait qu’autour d’elle, bibelots et soieries, tout fût du temps, du temps de Bouddha Ier. Je dévalisais les boutiques de vendeurs de netzskés pour peupler de drôleries ses étagères, et je me rappelle sa joie, sa joie d’enfant lorsque j’arrivai, un soir, précédant un commissionnaire qui portait sur ses bras, comme une nourrice son nourrisson, un gros Bouddha doré que j’avais découvert au fond d’un magasin de bric-à-brac, rue des Martyrs ! Ah ! le beau Bouddha ! Presque grandeur nature, mon cher, accroupi, les mains jointes, tout doré, mais d’un or rouge à reflets sanglants, d’un ton tout particulier qui rappelait le cuir de