Page:Claretie - Bouddha, 1888.djvu/31

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— Tiens, Antonia, j’en atteste Bouddha.

— Bouddha ?

Elle allait et venait par le salon, les bras croisés, les doigts de sa main droite battant sur son coude gauche une marche rageuse, et, de temps à autre, elle secouait, pour chasser les mèches blondes qui lui fouettaient le visage, ses beaux cheveux lourds mal attachés… Ah ! mon ami Roger, qu’elle était jolie !

Elle vint se planter toute droite devant la cheminée, regarda le malheureux Bouddha, impassible dans sa pose hiératique, et avec un accent de mépris si drôle que je ne pus retenir cette fois un éclat de rire :

— Un Bouddha ? Ce poussah-là ? Il est aussi bête que Lafertrille !

Je te dis que je riais. Je riais trop, probablement. Antonia en devint furieuse. Bonne fille, Antonia, mais le sang