Page:Claretie - Bouddha, 1888.djvu/33

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croulant sous l’injure, — de tomber là, droit entre elle et moi !… Bouddha, cassé en deux, le chef d’un côté, sur le tapis, et les genoux sur le devant de marbre blanc de la cheminée…

Brisé, Bouddha ! Décapité, Bouddha !

Et, sur le tapis de Perse, la tête coupée, roulant aux pieds d’Antonia, regardait encore, regardait toujours la jolie fille, oui, la regardait de ses yeux clos demi, entre ses oreilles énormes, dont l’une pendait, fendue comme celle d’un cheval au rancart, et le rictus demeurait impassible dans la face à reflets d’or.

— Pauvre Bouddha !

Toute la colère d’Antonia tomba devant l’aspect lamentable de ce Bouddha guillotiné. — Ah ! dit-elle.

Elle ne dit même que : Ah ! Mais il y avait de tout dans ce Ah ! Du chagrin, de l’étonnement, du remords. Elle joi-