Page:Claretie - Bouddha, 1888.djvu/50

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dans la boue, avec la fièvre, le choléra, les rhumatismes, tout le tonnerre de chien de l’hôpital ! La bataille, ce n’est rien ; on se sent vivre quand on se moque de mourir. Mais la maladie bête, la dysenterie qui vous tord les entrailles, l’anémie qui vous mine, l’eau putride plus meurtrière que le canon… et la boue, mon cher, la boue, les défilés dans les rizières, les ciels bas et gris, la terre où l’on enfonce comme dans du beurre et qui vous retient comme un sable mouvant… Et, avec cela, étape sur étape, marches et contremarches, des pièces d’artillerie embourbées et portées à dos d’homme par des chemins étroits comme des rubans… Puis, quelquefois, des forêts à traverser, sans éclaireurs et sans cartes, des sentiers se tracer à travers bois, à coups de hache… Je te passe tout ça ; c’est