Page:Claretie - Bouddha, 1888.djvu/54

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Pauvres enfants, ces soldats, troupeau de moutons héroïques allant à la boucherie comme à une promenade ! Et quelle promenade ! Par la route mandarine, un brouillard à couper au couteau ; presque du verglas pour avancer ; partout des arroyos… En quatre heures de marche, on traverse l’eau sept fois… La nuit vient… il pleut… on attend le jour en grelottant… À l’aurore, — brr ! quelle aurore ! — Bono, disent les turcos, et en route !

En avant, les fantassins nous taillent des escaliers dans les pentes raides… On nous dit qu’il y a des tigres, çà et là, dans les montagnes de marbre… Tant mieux ! Voir des tigres, ça nous distrairait !… Et nous marchons, nous marchons, nous marchons… Il nous semble entendre dans le lointain les cris d’appel de la petite garnison qui se défend avec