Page:Claretie - Bouddha, 1888.djvu/55

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la brèche ouverte et qu’on égorge. Et quand la fatigue se fait sentir chez nos hommes, un mot, comme un coup d’éperon, les ranime :

— Vous savez, les camarades nous attendent !

Et ces pauvres diables de turcos, donnant leur peau pour les Français, que leurs pères ont combattus, disent alors avec un entrain touchant, montrant en riant leurs dents blanches :

— Oui, oui, camarades ! Camarades ! Là-bas ! En avant !

Et on marche.

Comme c’est drôle, la bêtise humaine ! Une nuit, tous ces malheureux, harassés, n’en pouvaient plus et se traînaient, l’emplacement du bivouac étant loin encore… Pas un mot… Rien… Les hanhans avachis des soldats, alourdis comme des bêtes de somme… le clic-clac monotone