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Page:Claretie - Bouddha, 1888.djvu/56

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des sabres sur les quarts de fer-blanc… Tout à coup la lune se lève, montre sa lueur rose à travers les nuages, et soudain, de cette longue file d’hommes en marche une voix s’élève, que j’entends encore, avec un accent toulousain, une voix bien timbrée et qui salue ce lever de lune de la vieille chanson du pays :

Au clair de la lune,
Mon ami Pierrot…

Et crac, mon cher, à cette vieille chanson du berceau, à ce refrain de mère-grand, les fronts se redressent, les jarrets se raffermissent — en avant ! au clair de la lune, mon ami Pierrot — et cette nuit-là, si on l’eût voulu, en chantant on eût doublé l’étape !

Moi aussi, j’avais ma chanson, mon coup d’éperon ! Je ne demandais pas à l’ami Pierrot une plume pour écrire un