Page:Claretie - Jules Sandeau, 1883.djvu/15

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beaucoup de talent pour son compte, et il s’est fait un nom sous son véritable nom. »

Quel livre étrange que ce livre en cinq petits volumes de Rose et Blanche !

C’est, dans le brouhaha violent d’un drame, les angoisses amoureuses d’une religieuse et d’une comédienne, l’amour donnant la raison à une malheureuse idiote, et de la raison la faisant monter, ou tomber, à la folie ; un livre amer, désenchanté, byronien, un de ces livres de désespérance comme on en conçoit à vingt ans, quand on a toutes les appréhensions et comme les affres de la vie, et, — chose singulière, — avec cela, un livre audacieux de réalisme, comme nous disions hier, ou de naturalisme, pour parler comme ceux d’aujourd’hui, — un livre rêvé et observé, plein de blasphèmes à la Manfred et de gros jurons à la Henri Monnier, un livre dont le début fait songer à quelque folie saine et heureuse de Pigault-Lebrun et le dénouement annonce déjà Lélia ; — un livre où il y a de la belle humeur un peu militaire de Sandeau jeune et beaucoup des colères de la baronne Dudevant révoltée.

Quand la première édition du roman fut publiée, les deux auteurs partageaient ensemble,