Page:Claretie - Jules Sandeau, 1883.djvu/22

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réside la grandeur, mais que la véritable supériorité de l’esprit est là où se trouve la soumission raisonnée et intelligente aux exigences de la vie commune. »

Dans Madeleine, les quatre objets de la vie humaine, « aimer, travailler, rêver, espérer », se trouvent comme proclamés et chantés par un poète de la prose. Dans Marianna, le devoir, l’humble devoir sans déception, est opposé à la passion, aux hennissements de la passion, comme disait Bossuet, avec une séduction inoubliable. Cette Marianna est vraiment un document sur l’âme humaine à une date donnée. Qui n’a redit avec les héros déçus par la vie de ce livre en regardant, à l’horizon, un coin de terre qu’on ne reverra plus : « Le bonheur était là ?… » Le mot est resté. Il a soulagé bien des cœurs.

Jules Sandeau mêle ainsi, dans ses livres, le paysage à l’étude de l’âme. Il encadre les douleurs humaines en des décors qui n’empiètent pas sur la psychologie, qui la complètent ou par leur harmonie ou par leur ironie même. Comme Mme Sand, c’est un paysagiste de l’école de Rousseau. Il y a sur sa palette un peu du bleu de la pervenche des Charmettes. Il y mêle comme un parfum et une mélodie.