Page:Claretie - Jules Sandeau, 1883.djvu/21

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cette loi générale qui domine l’art et la littérature aussi bien que la société, et que M. Jules Sandeau a formulée à peu près dans les paroles suivantes : « La réalité seule est féconde ; il ne s’agit que de savoir la comprendre et l’aimer. » Quoi qu’on dise et quoi qu’on fasse, nous ne pouvons sortir de la vie ordinaire. Si développé que soit notre libre arbitre, quelle que soit la puissance de notre force actionnelle, nous ne pouvons échapper à la destinée qui nous est imposée par notre organisation, nous ne pouvons graviter hors du cercle commun à tous. Le rayon de ce cercle varie, il est vrai, pour chaque individualité humaine, mais il faut bien se pénétrer qu’il a une limite fixe et non indéfinie.

Seulement, et encore un coup, cette réalité, Jules Sandeau l’« interprétait » selon son tempérament et son âme. Il était, en art, de la religion de Platon. Ce qu’il aimait, c’est la splendeur du vrai, l’héroïsme dans la passion, le sublimé de l’amour. Mais un sublimé et un héroïsme de tous les jours, si je puis dire : — en deux mots, la simplicité dans la grandeur. « Il ne faut pas nier, dit encore le critique de l’auteur de Marianna, que M. Sandeau ait atteint le premier but, qui est de créer ; ensuite, les idées qu’il expose appartiennent à l’ordre des idées vraies et éternelles, considérées dans les limites auxquelles chacun peut atteindre. Elles nous ont démontré, une fois de plus, que ce n’est ni dans l’exagération ni dans une originalité étudiée que