Page:Claretie - Jules Sandeau, 1883.djvu/35

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Jean de Thommeray. C’est là du Sandeau vécu, comme le père faisait du Sandeau écrit. Ajoutons un dernier titre à tous ceux que mérita Sandeau. Ce travailleur n’était pas riche ; on l’avait nommé conservateur à la Bibliothèque Mazarine, place que vient occuper aujourd’hui un autre romancier remarquable, Ferdinand Fabre, et Sandeau, ce laborieux au travail difficile, qui mettait de si longs mois à terminer pour Hetzel la Roche aux Mouettes, put venir en aide, plus d’une fois, à des pauvres. Le libraire Werdet a raconté comment, étant tombé dans la misère, Jules Sandeau lui donna, en toute propriété, un de ses romans pour subvenir aux besoins du malheureux éditeur. De toutes les fièvres de son passé, Sandeau n’avait gardé que ses enthousiasmes et ses habitudes de dévouement.

Peut-être a-t-il été tenté quelquefois d’écrire après le Docteur Herbeau ou la Maison de Penarvan, ces chefs-d’œuvre rêvés, quelque livre puisé à la source amère des pleurs d’autrefois, mais il les avait oubliés à demi, ces pleurs ; il n’avait pas dit, comme dans Marianna, en regardant le passé : « le bonheur était là ! » Non ; il avait poussé doucement son fauteuil