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champs de bataille, et où l’éloquence d’un Cicéron pourrait être emmagasinée par le téléphone. Nous n’en sommes plus aux contes de ma Mère l’Oie et M. Édouard Laboulaye a peut-être écrit les derniers Contes bleus. Nous en sommes aux contes scientifiques. La science a pris notre temps au collet. Elle le secoue même un peu violemment, quitte à faire tomber toutes ses illusions ; et à l’heure où la féerie se réfugie dans le téléphone, il était naturel qu’un conteur traduisît, dans des récits bientôt populaires, les aspirations de notre époque vers le fantastique scientifique. C’est ce qu’a fait, avec un bonheur rare, l’inventeur dont je voudrais ici résumer le rôle.

Jules Verne incarne à l’heure où nous sommes le romanesque essentiellement moderne et contemporain. Il a résolu ce problème d’intéresser avec des gens en vestons courts, en paletots sacs et en guêtres de voyage. Son Philéas Fogg et son capitaine Hatteras, et leur dernier frère, Kéraban le Têtu, sont les Athos, les Porthos et les Monte-Cristo d’une époque pratique et qui sait le prix des chèques, des tickets et des télégraphes. Les coups d’épée des mousquetaires et les bottes secrètes de