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vait donc s’attendre à voir de nombreux rivaux s’élancer à sa suite dans la carrière que Verne avait ouverte. Il n’en fut rien. D’abord la perfection qu’il avait atteinte dès son coup d’essai décourageait les plus confiants ; et puis, des livres comme les siens exigent un ensemble de connaissances qui ne sont pas à la portée du premier venu.

Verne règne donc sans compétiteur dans le royaume qu’il a conquis. Ce royaume, c’est l’univers, et non seulement la terre, mais les mers, les airs, tous les mondes habitables et non habitables. Aussi, quand, à chaque volume qui paraît, on se demande si la mine n’est pas épuisée, le volume suivant prouve que la mine est inépuisable.

Jules Verne n’est pas, à proprement parler, un romancier ; car l’amour, base de tous les romans, brille par son absence dans la plupart de ses ouvrages. La femme y est presque toujours reléguée au second plan ; encore la chercheriez-vous vainement dans Cinq semaines, les Anglais au pôle Nord, etc. Au fait, ses héros n’ont pas de temps à perdre aux doux propos du petit dieu malin. Les luttes grandioses ou ingénieuses contre les ob-