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l’Académie française a couronnés se compose déjà de quarante ou quarante-cinq volumes et, tous les ans, Jules Verne donne au Magasin d’Éducation et de Recréation d’Hetzel, qui fut son conseiller en même temps que son éditeur, un roman inédit : tantôt l’École des Robinsons, tantôt Kéraban le Têtu, qui aura vu le feu de la rampe avant d’être achevé dans le recueil hebdomadaire. Et ces livres de voyages, ces contes d’aventures ont une originalité propre, une clarté et une vivacité entraînantes. Ce n’est ni le roman à coups de navaja de Gabriel Ferry, ni le récit bourré de grosses aventures d’un Gustave Aymard ; c’est autrement rapide et fin. C’est très français, pour dire le mot.

Peu d’amour, encore une fois. La passion est là tout juste pour donner un attrait au livre. Le grand acteur, le héros éternel, c’est l’inconnu ; le but à atteindre, c’est l’impossible. Nous avons entendu Verne nous conter comment il combinait des lettres pour arriver à former une phrase dont le lecteur ne pût, avant le dénouement, trouver ni le sens ni la clef ; Edgar Poe ne travaillait pas autrement. Il y a du mathématicien chez Jules Verne.

— Dans cent ans, disait tout à l’heure le