Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/102

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— Atteindre le sommet, c’est dur !

— Bah ! il a bon pied, bon œil, Orthegaray !

Deberle suivait toujours du regard le soldat, qui avançait, montait, évidemment lassé, rompu de fatigue, mais continuant l’ascension avec une énergie devinée même à cette distance. Et cet effort humain, perçu de la sorte à travers l’espace, donnait à l’officier un sentiment d’orgueil, d’affection émue pour ces soldats qu’un appétit de sacrifice et de gloire éperonnait ainsi. De quoi ne seraient-ils point capables, les braves garçons, aux jours des épreuves sérieuses ? Et que pesaient toutes les déclamations des apôtres du sans-patriotisme lorsque, pour un chiffon et par bravade, ces soldats étaient prêts à risquer leurs os !