Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

propre instinct, l’affranchissement intégral de leur moi ! Alors, à quoi bon le dévouement à une collectivité ou à une idée ? L’héroïsme du soldat qui meurt pour une frontière, un lambeau d’étoffe, était-il donc une duperie ?… Une bêtise ?

Et l’officier se reprenait à songer encore à cet ironique hasard qui rapprochait l’idiot du réfractaire.

— Du symbolisme, ma parole ! pensait Deberle en essayant de sourire.

Il échangeait, tout en gagnant lentement sa tente, ses impressions avec le lieutenant.

— Ça ne vous étonne pas, vous, Bergier, ces désertions-là ?

— Ma foi, non, capitaine. Ça s’explique parfaitement. Ils ont en Italie un homme qui découvre sur le faciès d’un monsieur tous