Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/138

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

lien ramenait la pensée de l’officier à tous les problèmes redoutables, à l’anarchie morale, intellectuelle, politique, de l’heure présente. Singulier moment, en effet, où les fronts se heurtaient aux réalités dures, quand les cerveaux ne se perdaient pas dans les mysticismes morbides.

— Le rêve ! Eh ! parbleu, c’est beau le rêve, beau et attirant comme ce gouffre sur lequel passaient mes soldats. Mais la réalité. La vérité, c’est le tronc d’arbre qui permet de franchir l’abîme !

Et, peu à peu, il se laissait aller à des songeries consolantes. Dans le trouble contemporain, il avait du moins rencontré le point d’appui, ce sentiment du devoir qui était le pivot de son métier. On était loin, en haut des Alpes, loin de toutes les compromis-