Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/137

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rale des nations réconciliées. L’humanité, il en savait le prix, il en avait la passion comme de la patrie. Mais à ce rêve de bonté, d’oubli et d’amour, décevant comme tous les rêves, fallait-il sacrifier le devoir quotidien, l’éveil constant du fils protégeant la terre natale comme une mère menacée ? C’était facile, en vérité, la satisfaction de l’instinct ; c’était admirable, l’idée supérieure de l’humanité dominant le foyer ; mais la réalité s’imposait plus étroite, plus sévère et plus triste. Il en était de ceux qui brisent les liens, secouent les charges du patriotisme comme d’hommes qui sacrifieraient la famille, les proches, à l’affection vague d’une foule voisine.

N’importe, le « moment », comme il disait à Bergier, était bizarre et la désertion de l’Ita-