Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/142

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Même, en se répétant ainsi qu’il servait, Deberle oubliait la mélancolie de l’éloignement qui, parfois, lui venait quand il pensait à la mère restée là-bas, à Bayonne. Elle sommeillait doucement, à cette heure, ou éveillée, elle pensait à son fils comme il pensait à elle. Oh ! elle ne se plaignait ni ne le plaignait ! Né d’une race de soldats, l’enfant avait le sacrifice dans le sang. Il obéissait. Elle en était fière.

— Il faut bien que l’atavisme, songeait Deberle, ait aussi son bon côté.


Dans une succession de rêvasseries, traversées de visions hypnagogiques où il voyait tantôt des files bizarres de déserteurs italiens emmenés par ses