Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/143

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Alpins ou des drapeaux singuliers flottant sur la neige, Deberle peu à peu s’assoupit, s’endormit — comme ses soldats — dans la solitude des sommets. Il fut réveillé brusquement, une ou deux heures après, par un vent de colère qui semblait, au loin, une immense plainte humaine et qui, en se rapprochant, secouait la toile de la tente et lui faisait rendre des sons de tambour battu. Quelque tempête s’était levée dans la montagne.

L’Alpe a de ces surprises. En plein mois d’août, l’année précédente, Deberle et ses hommes, après s’être couchés sous une sorte de grésil, s’étaient réveillés dans une neige haute. Ce n’était pas de la neige, cette fois, c’était la tourmente. Le vent soufflait, sifflait, hurlait comme quelque être vivant, déchaîné comme un