Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/146

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On ne l’entendait plus que très loin, comme un tonnerre qui s’endort, — comme un fuyard.

Confusément, des ombres apparaissaient dans la brume matinale : — des Alpins qui, énervés, ne pouvant sommeiller, s’étaient levés, erraient. Une sorte de brouillard, épais comme la fumée d’une cuve, s’amoncelait dans les fonds plus sombres : mais l’horizon se vidait de nuées qui semblaient balayées, roulées les unes sur les autres, et le jour pouvait être beau. Deberle attendait que le premier rayon éclairât le pic, la cime, là-bas. Il vint, ce rayon, pâle, confus, puis, soudain, très perçant et vif et le mont apparut, incandescent dans sa clarté de neige. Deberle poussa un cri.

— Tonnerre ! Pauvre Orthegaray !