Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/162

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lier improvisé qui les rapprochait du fond de la brèche. Tout à l’heure, Deberle avait la sensation d’une montée dans l’infini ; maintenant c’était la descente dans quelque chose de profond et de mystérieux, une aventure plus périlleuse, le pied glissant parfois, malgré les semelles ferrées, sur la neige que le soleil rendait moins solide. Mais si le gouffre semblait tragique, les trois couleurs étaient là, là, tombées et comme humiliées, appelant à l’aide.

Les chasseurs alpins allaient, allaient, sautant parfois d’une arête à l’autre. Puis, dans le grand silence de la montagne, brusquement Deberle tressaillit, s’entendant appeler, héler par une voix qui partait d’au-dessus de sa tête et qui tombait en quelque sorte du versant étranger.

Le capitaine leva les yeux et,