Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/168

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sur le fond de neige. Les Italiens y mettaient visiblement une précipitation ardente. C’était une sorte de duel de vitesse, où, sous l’émulation des coureurs, il y avait la rivalité latente des patriotes. Duel de muscles, mais duel de cœurs. Qui le toucherait le premier, ce drapeau déraciné par le vent ? qui le ramasserait avant tous ? Les Français le redresseraient-ils fièrement sous l’œil des étrangers, ou ceux-ci, le prenant avant eux, le rendraient-ils à ceux qui le cherchaient en donnant à cette galanterie une apparence de victoire ?

— Allons ! allons ! répétait Deberle.

Il n’avait pas besoin d’encourager ses soldats. Les braves garçons semblaient bondir sur ces pentes où à peine leur talon trouvait-il place. Au péril de leur