Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/172

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cente éperdue, il allait voir un étranger toucher aux couleurs de France, il allait recevoir ce drapeau des mains d’un Italien, il ressentirait ce vague sentiment d’humiliation et subirait ce semblant de défaite.

Harri, Orthegaray ! cria sa voix claire au petit Basque.

Mais Orthegaray, à quelques mètres à droite, paraissait arrêté, portant instinctivement la main à sa rotule, blessé peut-être contre quelque pierraille… Les chasseurs suivaient Deberle, mais ils étaient loin de leur chef : c’était lui Deberle et c’était Orthegaray qui tenaient la tête. Du côté des Italiens, les Alpins qui descendaient la pente étaient distancés ; mais ce chasseur étranger qui arrivait maintenant si près du tricolore… il allait atteindre le drapeau ; le drapeau qui était là, le drapeau