Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/180

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Niente !… Plus rien !

Ce « plus rien », — sourd et lugubre, tomba sur ces fronts comme un glas. Des yeux de gars solides, des yeux ardents de mâles s’entre-regardèrent. Ils pleuraient. Les chasseurs italiens, les premiers, avaient instinctivement ôté leurs chapeaux de feutre. Les Alpins du capitaine Deberle se découvrirent devant leur officier. Blond, sanglant, mais gardant le dernier sourire extasié de la minute suprême, le chef gisait là, devant ces têtes nues, ces fronts brûlés de soleil, — bérets français, plumes d’aigle d’Italie inclinés devant un mort et devant un drapeau.

On en couvrit, de ce drapeau maculé de sang comme un étendard de bataille, le corps du capitaine, couché sur les bâtons ferrés comme sur un brancard