Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/181

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d’ambulance ; et lentement sur la neige qui, de plus en plus, à mesure qu’on marchait, s’étoilait de taches rouges, les Alpins montèrent, gravissant, la gorge serrée, l’âme en deuil, ces pentes descendues tout à l’heure comme sous la poussée d’un signal de victoire.


Et le soir venait maintenant, le soir implacablement doux, le soir qui avivait les arêtes des monts, baignait de rose les grandes Alpes, enveloppait de son impassible poésie, de ses lueurs de fête, ce groupe lugubre et muet d’hommes remontant, dans une sorte de linceul un cadavre d’homme jeune, fort, héroïque, confiant, — si heureux ce matin… Soir