Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/63

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une vie de penseur actif, de quasi solitaire ou de moine mobilisé, sur les sommets, dans l’air libre qui élargit, lave à la fois les poumons et la pensée, l’air qui purifie, avec des impressions intenses et exquises de soirs silencieux, de nuits dans les étoiles, de réveils dans les lumières roses, des lueurs de féeries, et des hivernages aussi dans les huttes, de longues heures de nuit avec quelque livre aimé, des escalades de pics, des marches tracées dans la neige qui craque, des glissades dramatiques, des bourrasques blanches, une vie où tout l’effort humain est utilisé, toute la vigueur dépensée, et qui ne lui laissait ni regrets de bonheurs plus paisibles ni amertume de joies sacrifiées…

Il n’avait qu’un ennui : ne pouvoir, par quelque action d’éclat,