Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/62

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En sortant de Saint-Cyr, Deberle avait fait campagne au Tonkin, tout jeune, et, la paix signée, revenant en France pour y soigner une blessure, il demandait à passer dans les compagnies alpines, incapable de s’en tenir à la vie de garnison dans une ville de province. Il y avait des années maintenant qu’il évoluait dans ces montagnes, comme une sorte de sentinelle avancée surveillant l’horizon. Capitaine à trente-trois ans, la croix sur l’uniforme, très aimé, tenant dans sa main sa petite troupe, qui, sur un mot de lui, eût tenté l’impossible, passé de la neige dans le feu, — il ne souhaitait rien que des périls plus durs et des devoirs plus grands. Cette existence lui plaisait en pleine nature, comme si tout se trouvait supprimé autour de lui de ce qui n’était pas l’absolu ; —