Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/77

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Deberle regarda les sapins. Leur vert paraissait plus sombre dans l’atmosphère humide ; mais les branches ne s’abaissaient pas trop et les ramilles s’étalaient déjà comme si elles eussent deviné le beau soleil, derrière la brume. Le capitaine avait, là-haut, pour baromètres sans erreurs les sapins, dont les montagnards étudient les mouvements et la couleur.

Il murmura : — Bah ! le proverbe est bon :


Petite pluie du fin matin
N’arrête pas le pèlerin !


Les soldats sortaient des tentes, s’étiraient, se lavaient au creux d’une source ; puis ils s’aidaient les uns les autres à enrouler sur leur uniforme la large ceinture de laine, — celui qui la serrait à son ventre tournant sur lui-même,