Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/78

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tandis que le camarade la tendait, tirant ferme, la tenant par le bout. D’autres donnaient le fourrage aux mulets. Le compagnon et le serviteur de l’Alpin, ce mulet porteur de vivres ! Grimpant d’un pied sûr, côtoyant le bord des précipices comme avec un appétit de vertige, hissant sur son dos, jusqu’aux sommets, les petits canons de montagne ou les provisions.

Et l’on se mit en marche, avec l’alacrité joyeuse de braves gens dispos, dans l’air frais du matin, l’air balsamique de l’Alpe parfumée de menthes, l’air de là-haut, où les microbes n’ont pas d’aliments pour vivre. Le pas était allègre, malgré le chargement lourd des soldats portant sac et couverture, gamelle, toile et piquets de tente. Les quarts de fer-blanc sonnaient gaiement sur le sabre-baïonnette.