Page:Claretie - La Frontière, 1894.djvu/97

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bondissaient sous les défis comme ils l’eussent fait sous les balles. Drapeau contre drapeau, et le sentiment de la lutte était aussi surexcité que dans un corps-à-corps en pleine mêlée.

Deberle ne pouvait s’empêcher de constater devant ses lieutenants cet esprit de vanité en quelque sorte chevaleresque. Et les officiers maintenant s’enfièvraient à l’idée de voir bientôt à cette altitude flotter comme une réponse palpable, vivante presque, le tricolore des Alpins de France.

Il fallait du temps pour qu’Orthegaray atteignît le sommet. De temps à autre Deberle regardait, du côté de l’Italie, les couleurs de Savoie, puis, la lorgnette à la main, interrogeait les pentes du pic. Rien ; on ne distinguait rien au flanc du mont, dans la neige que dorait maintenant le soleil.