Page:Claretie - Lud. Halévy, 1883.pdf/33

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sotte. Que de succès dans tous les genres ! Je ne connais rien dans le théâtre contemporain de supérieur aux trois premiers actes de Frou-Frou. D’autres ont fait plus violent, plus fort, plus nerveux, plus amer ou plus mâle, nul n’a fait plus distingué et plus exquis. La femme mondaine d’aujourd’hui, la folle sans amour, la capricieuse et la fébrile créature qu’ont pétrie dans un certain milieu les mœurs nouvelles, la déséquilibrée et l’hystérique à la Charcot dont devait, plus tard, s’emparer le roman contemporain, est peinte là avec toutes ses fantaisies d’enfant gâtée et inoccupée.

Je puis réimprimer, à des années de distance, ce que j’écrivais à propos de Frou-Frou lorsque la pièce fut jouée pour la première fois :

« Frou-Frou a épousé, sans savoir pourquoi, un brave et loyal garçon, un galant homme qu’elle n’aime pas, qu’elle rend malheureux, qu’elle va tromper. Elle a une sœur, Louise, qui aime profondément, noblement cet homme martyrisé par la pauvre et inconsciente Frou-Frou. Jalouse de sa sœur, Frou-Frou, qui n’est ni épouse, ni fille, ni mère, s’imagine qu’elle adore un monsieur qui joue avec elle Indiana et Charlemagne sur les théâtres de société. Elle quitte son mari, son enfant, son foyer et part pour Venise avec le blondin. Le mari tombe malade, malade à en mourir, puis une fois guéri, il court à Venise, et tue en duel l’amant de sa femme, et, repentante, Frou-Frou s’en vient mourir chez elle, de-