Lorsque Déborah voit son fils mort, elle sent soudain son cœur se fendre, la vie lui échapper, le doute l’envahir. Elle désespère de Dieu après avoir désespéré des hommes.
Ici, la plume semble tomber brusquement des mains de Borel. Un accent de sincérité poignante traverse son livre et il s’écrie :
Quand je pris la plume pour écrire ce livre, j’avois l’esprit plein de doutes, plein de négations, plein d’erreurs ; — je voulois asseoir sur le trône un mensonge, — un faux roi ! Comme le peuple, sujet à la démence, pose quelquefois le diadème impérial sur un front dérisoire et que devroit plutôt fleurdeliser le fer rouge du bourreau, je voulois ceindre du bandeau sacré une idée coupable, lui mettre une robe de pourpre, lui verser sur le chef les saintes huiles, — l’élever sur le pavois ou sur l’autel, — la proclamer Cæsar ou Jupiter, et la présenter à l’adoration de la foule, qui a moins besoin de pain que de faux dieux, que de faux rois, que de fausses idées, que de phantômes ! — Mais je ne sais par quelle mystérieuse opération, chemin faisant, la lumière s’est faite pour moi. — Le givre qui couvroit ma vitre et la rendoit opaque comme une gaze épaisse, s’est fondu sous des rayons venus d’en haut, et a laissé un plus beau jour arriver jusques à moi. — Où l’eau était bour-