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Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/128

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échevelée. Tout était culbuté ! Tout était saccagé ! Tout était ravagé ! Tout était pêle-mêle. On eût dit une fosse commune réveillée en sursaut par les trompettes du jugement dernier. — Puis, lorsque ce premier tumulte était un peu calmé, on allumait le punch ; et à sa lueur infernale quelques croque-morts ayant tendu des cordes à boyau sur des cercueils vides, ayant fait des archets avec des chevelures, et avec des tibias des flûtes tibicines, un effroyable orchestre s’improvisait, et la multitude se disciplinant, une immense ronde s’organisait et tournait sans cesse sur elle-même en jetant des clameurs terribles comme une ronde de damnés.

Ne croiriez-vous pas lire le Sabbat des Djiinns de Victor Hugo, ou cette introduction des Nuits du père Lachaise où M. Léon Gozlan nous montre les employés des pompes funèbres banquetant avec des gaietés de Goliaths en plein choléra ?

Dans la même publication, les Français de Curmer, Pétrus Borel signa le portrait du Gnaffe, — une fantaisie où l’argot se mêle à l’érudition, le détail technique à la préciosité, le déboutonné au pédantisme. Oui, Borel est quelquefois pédant. Lorsque Déborah arrive à Antibes, dans Madame Putiphar, il ne manque pas d’a-