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à autre de ces aimables Triboulets pour égayer la vie déjà bien monotone. La gravité nous pénètre, et parfois il nous prend d’irrésistibles nostalgies de fou-rire. Mais, entendons-nous, ce sont les vrais originaux, les excentriques nés que je regrette, ceux-là seulement qui ont naturellement une piquante et curieuse physionomie, et non ceux qui se plantent devant leur glace et se façonnent un visage comme le feraient des acteurs. Vive le rire, mais à bas la grimace !

Aujourd’hui c’est la vie d’un de ces originaux par tempérament que j’ai voulu raconter. J’ai choisi, dans les limbes du romantisme, une des physionomies les plus attachantes et les plus bizarres, une des moins connues à coup sûr malgré la quasi-popularité du nom, en un mot Pétrus Borel.

Lorsqu’il y a six ans les journaux annoncèrent la mort de celui qui avait écrit Champavert, les Rhapsodies, Madame Putiphar, les lettrés seuls hochèrent la tête, et si peu ! les curieux sourirent en songeant à