Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/14

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 4 —

celui qui s’appelait le lycanthrope ; la foule lut et passa outre. Le grand nombre ne connaissait point Pétrus ; le petit nombre l’avait déjà sévèrement jugé, — Fi ! l’excentrique ! Car je dois vous dire que cette épithète charmante est, avec le temps, devenue une injure.

Ce dédain et cet oubli étaient pourtant injustes. C’était, on ne s’en doutait guère, un roi, roi détrôné, roi dépouillé, soit, mais c’était un roi qui s’en allait. Il avait eu, ce dédaigné, son heure de triomphe et d’enivrement ; on l’avait salué du nom de maître, il avait un instant fait école. Ce Mahomet avait eu des Séides, et quels Séides ! Théophile Gautier, Gérard de Nerval, les plus jeunes, les plus vaillants ! Il valait bien encore qu’on s’occupât de lui ; mais l’arrêt était porté. Arrêt définitif ? Je l’ignore. Je ne le crois pas. Voilà deux ou trois ans déjà que je recherche çà et là les miettes tombées de la table de Borel, pièces de vers, romans, factums, articles de journaux, lettres, pamphlets, et peu à peu je me suis pris pour lui d’une sorte