Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/130

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couraient à la file. Un moment, il plaça sur la Société générale de la Presse, fondée par Dutacq, bien des espérances. Il prit le titre de rédacteur en chef du journal de Dutacq. Mais la fortune lui souriait peu. Ses appointements ne lui furent jamais payés. La Société fit faillite et Pétrus Borel se trouva sur le pavé.

M. Albert de la Fizelière, qui dirigeait alors l’Artiste, me contait qu’un jour il vit arriver dans sa chambre, pâle, triste, sombre ou honteux, Pétrus Borel qui lui apportait une Nouvelle. Ce n’était plus alors ce brillant et ce bouillant des poudreuses soirées d’Hernani. Le front se dégarnissait, les yeux étaient caves, attristés, la taille courbée. Dans son regard, dans son geste, dans sa voix, on devinait bien des naufrages. — À côté de ses amis d’autrefois, Gautier, Gérard, Edouard Ourliac, qui le raillait à présent, lui, le voltairien devenu catholique, Maquet, Boulanger, bien d’autres emportés par le succès, Pétrus demeuré seul ressemblait à quelque matelot abandonné dans une île déserte pendant que