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Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/134

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de ce poëte, — comme lui avides d’air et d’espace, avortés, abandonnés comme lui.

On m’a montré une photographie de Pétrus Borel en uniforme d’inspecteur de la colonisation. Hélas ! ce n’est plus le Pétrus d’autrefois. La tête est rasée, la barbe longue, presque inculte, les yeux cernés, gonflés, abattus. Tout le visage a je ne sais quelle expression de lassitude et d’accablement, de sombre et morne désespérance. Plus ne m’est rien, rien ne m’est plus, lit-on aussi dans cet œil sans vie, sans éclat, sans espoir.

Qu’avait-il en effet à attendre de l’avenir ? — Des misères nouvelles peut-être. Et ces misères vinrent. En 1848, l’envoyé d’Armand Marrast en Algérie, Lacroix, destitua Pétrus dès son arrivée. La colère du lycanthrope fut éclatante.

Je ne veux pas citer la pièce de vers qu’elle lui inspira. M. Warnier, un ami de Lacroix, devenu préfet d’Alger, se présentait comme candidat aux électeurs ; Pétrus adressa à l’Akhbar une satire que le journal n’inséra pas. À peine puis-je détacher