Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/24

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Comment conserver une clientèle avec ce caractère intraitable ? Pétrus était pauvre ; n’importe, il renonça à ce dur métier et jeta les épures, l’encre de Chine, la règle et le compas aux orties, et il se fit littérateur pour tout de bon, littérateur et un peu peintre aussi, car il étudia dans l’atelier d’Eugène Devéria, ce Devéria qu’on appela un moment le Paul Véronèse de la France, comme on nomma Pétrus Borel le réformateur de la langue.

Je ne voudrais pas m’engager à croire sur parole toutes les autobiographies, et pleurer sur toutes les pièces de vers des poètes élégiaques serait risquer un peu d’être dupé. Il ne faut cependant pas être trop sceptique en matière de larmes. Les vers de Pétrus Borel sont souvent personnels. Il souffre, il se plaint ; je veux bien croire qu’il y a dans sa douleur quelques exagérations ; cette fois, le désespéré se regarde un peu trop dans la glace ; — pourtant, comment ne pas se sentir ému par ce cri, par ce sombre aveu qui