Aller au contenu

Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/37

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

enrhumés. Tous, jeunes, l’œil enflammé, la poitrine aspirant l’air à pleins poumons, pleins de feu, pleins de vie, ils marchaient à la conquête de la Toison-d’Or ; mais on les eût fort irrités en les appelant Argonautes. Par la Pâques-Dieu ! les réminiscences grecques étaient alors les mal venues ! À la tête du bataillon marchait Pétrus Borel. Il était le plus vieux ; il avait déjà, à l’heure où les autres n’étaient que des poètes inédits, il avait un volume de vers imprimé ; il avait des maîtresses et des aventures ; il était superbe et imposant. Dans l’atelier de Devéria, chez Louis Boulanger, chez Célestin Nanteuil, on l’appelait aussi le maître. Puis venait Théophile Gautier, Théo, qui admirait de bonne foi les Rhapsodies, lui qui avait déjà fait Albertus, Théo déjà maître de son rhythme, déjà poète, déjà Gautier !… — Puis c’était Gérard, qui annonçait un volume d’Odelettes et qui traduisait Faust ; c’était M. Maquet, Augustus Mac-Keat, Joseph Bourchardy, le petit Bouchardy, comme on disait ; c’était Alphonse Brot, Philadelphe O’Neddy