Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/51

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Un matin du printemps de 1831, fantaisie lui avait pris d’aller en compagnie d’un ami, bousingot comme lui, visiter Rouen, qui pouvait leur montrer mainte maison gothique. Ils étaient partis à pied, sans façon, et tout en causant. Les voyez-vous cheminer avec leur costume insultant d’originalité et leurs chapeaux pointus dont les longs rubans leur descendaient au milieu du dos.

On les regardait d’un air ébahi, et un peu effrayé parfois. Dans les auberges, volontiers eût-on serré les couverts d’étain à leur arrivée. À Ecouy, on les arrêta. Voilà nos romantiques amenés par les gendarmes devant monsieur le maire ou monsieur le juge de paix. « Qu’alliez-vous faire aux Andelys ? — Nous n’allions pas aux Andelys. C’est la patrie du Poussin, Nicolas Poussin, peintre hors de pair, mais classique en diable. Parlez-moi d’Hobbema, à la bonne heure ! — Vous dites ? fit le maire d’Ecouy. — Oui, citoyen, continua Borel, le paysage classique, avec de grandes lignes tracées à l’équerre et un temple rond se détachant