Aller au contenu

Page:Claretie - Petrus Borel, le lycanthrope, 1865.djvu/77

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Puis les vers succèdent à la prose, la prose aux vers. Ce sont les Reliquiæ du lycanthrope.

À CERTAIN DÉBITEUR DE MORALE.


Il est beau, tout en haut de la chaire où l’on trône,
  Se prélassant d’un ris moqueur,
Pour festonner sa phrase et guillocher son prône
  De ne point mentir à son cœur !
Il est beau, quand on vient dire neuves paroles,
  Morigéner mœurs et bon goût,
De ne point s’en aller puiser ses paraboles
  Dans le corps de garde ou l’égout !
Avant tout, il est beau, quand un barde se couvre
  Du manteau de l’apostolat,
De ne point tirailler par un balcon du Louvre.
  Sur une populace à plat !
Frères, mais quel est donc ce rude anachorète r
  Quel est donc ce moine bourru ?
Cet âpre chipotier, ce gros Jean à barète,
  Qui vient nous remontrer si dru ?
Quel est donc ce bourreau, de sa gueule canine
  Lacérant tout, niant le beau,
Salissant l’art, qui dit que notre âge décline
  Et n’est que pâture à corbeau ?
Frères, mais quel est-il ?… Il chante les mains sales,
  Pousse le peuple et crie haro !
Au seuil des lupanars débite ses morales,
  Comme un bouvier crie à huro !